Réussir une rénovation énergétique performante est possible, avec un peu d’organisation et en adoptant la bonne approche.
Rénover un bâtiment, ce n’est pas comme initier une partie de Kapla. On ne peut pas se contenter d’empiler des pièces de bois, sans attache ni point de fixation, et croiser les doigts pour éviter que tout s’écroule. Si nous sommes sûrs d’une chose, c’est qu’une maison bien isolée et confortable est faite de bien plus que 4 murs, une porte, des fenêtres, et un toit. Dans un bâtiment, les éléments sont liés, interagissent entre eux, se complètent.
Ainsi, si vous voulez éviter de vous engager dans des travaux qui seront coûteux, longs à mettre en œuvre, et au résultat incertain, vous devrez penser votre projet dans sa globalité dès le départ. Le maître mot pour mettre toutes les chances de votre côté : ne pas vous précipiter.
Sommaire
- Qu’est-ce qui définit une rénovation énergétique performante ?
- Comment bien analyser son logement pour réussir sa rénovation énergétique ?
- Comment sélectionner le bon accompagnateur pour ses travaux de rénovation énergétique ?
- Comment financer ses travaux de rénovation ?
- Faut-il privilégier une rénovation globale ou par étapes ?
- Après les travaux, encore un effort au quotidien
Qu’est-ce qui définit une rénovation énergétique performante ?
Une rénovation énergétique performante est conforme aux exigences du label BBC
Une rénovation énergétique performante est un ensemble de travaux qui répond aux exigences du label BBC Rénovation (Bâtiment Basse Consommation) et qui concerne :
- L’isolation des murs, des planchers bas, et de la toiture ;
- Le remplacement des portes et des fenêtres ;
- Le changement du système de ventilation ;
- L’installation d’un nouveau système de production d’eau chaude sanitaire et de chauffage.
Bien entendu, les travaux réalisés doivent permettre d’atteindre un certain niveau de performance énergétique. Ainsi, pour qualifier la rénovation d’un bâtiment de performante, la consommation énergétique primaire atteinte après le chantier doit être inférieure à 80 kWhep/m².an. C’est l’équivalent d’une étiquette énergie A ou B sur le Diagnostic de Performance Energétique (DPE).
Rénovation énergétique performante : des avantages et des risques
Les avantages d’une rénovation énergétique performante sont multiples : réduction des factures énergétiques, valorisation du bien, amélioration du confort et de la santé. Toutefois, pour éviter la création de pathologies qui amèneraient au résultat inverse (condensation, infiltrations d’eau, ponts thermiques …), les travaux ne doivent pas être pensés individuellement mais comme un tout. Vous avez par exemple prévu de changer les huisseries et l’isolation mais ne souhaitez pas réaliser ces transformations au même moment ? Vous devrez savoir précisément quel type d’isolation et de fenêtres vous allez poser pour être certain que tous les éléments s’articulent correctement entre eux. C’est la meilleure manière de préserver le bâti et garantir une qualité de l’air intérieur saine.
Comment bien analyser son logement pour réussir sa rénovation énergétique ?
Pas de solution toute faite ou de formule magique en rénovation
Chaque projet est un cas particulier, avec des spécificités à intégrer. Les déperditions thermiques peuvent ainsi fortement varier d’un bâtiment à l’autre, même s’ils sont voisins. De façon générale, 4 éléments principaux permettent de distinguer chaque logement :
- Le type de bâtiment et plus particulièrement sa période de construction. Cela conduit à des priorités différentes. Par exemple, la toiture représente l’un des principaux ponts thermiques sur les maisons des années 60. Ce poste est donc souvent traité en priorité sur ce type de bien. En revanche, pour les immeubles anciens de centre-ville (de type haussmannien), le gros du potentiel se trouve généralement dans les portes et fenêtres.
- La configuration du logement (de plain-pied ou avec étages, compact ou non) : les maisons sont souvent plus énergivores que les bâtiments collectifs, car elles comportent plus de parois donnant sur l’extérieur et sont moins compactes ;
- La structure du bâti (pierres, meulière, béton, briques, aggloméré, bois …) ;
- Le climat local (continental, océanique, semi-océanique, méditerranéen, montagnard).
Toutes ces caractéristiques donneront des premières indications sur la marche à suivre.
Offrez à votre projet de rénovation énergétique une base solide grâce à l’audit énergétique
Pour offrir à votre projet une base solide et déterminer les bouquets de travaux les plus pertinents, il conviendra de faire appel à un bureau d’étude thermique. Un professionnel visitera alors les lieux pour établir ce qu’on appelle un audit thermique. Il s’agit d’un diagnostic approfondi du logement, qui inclut à la fois les performances de ce dernier et les sources de déperdition thermique. Remis sous forme de rapport, il attribue à votre logement une étiquette allant de A à G (respectivement la meilleure et la pire note). Après avoir dressé le bilan, il propose et détaille plusieurs plans d’amélioration chiffrés, argumentés, et hiérarchisés selon leur performance. Ces scenarii sont rattachés à des projections des gains financiers possibles. Il sert donc d’aide à la décision et permet, entre autres, de segmenter les travaux par importance lors d’une rénovation par étape.
Comment sélectionner le bon accompagnateur pour ses travaux de rénovation énergétique ?
Une fois votre audit thermique en main, plusieurs professionnels pourront vous accompagner dans la mise en œuvre de vos travaux de rénovation énergétique : architecte, maître d’œuvre, artisans, ou encore groupement d’entreprises.
Option 1 : Faites appel à un architecte ou à un maître d’œuvre pour avoir l’esprit tranquille
L’architecte et le maître d’œuvre conçoivent, suivent, étudient, coordonnent les travaux, puis veillent à leur bonne réception. Faire appel à leurs services et à leur expérience vous apportera généralement la meilleure efficacité et les meilleurs résultats. En plus de vous faire gagner du temps, ces professionnels s’engagent sur la bonne réalisation du chantier. Ils sont donc d’une aide précieuse tout au long du projet de rénovation énergétique, de la phase de conception à la mise en œuvre des travaux. Ils sélectionnent des artisans au sein de leur réseau, et obtiennent des devis auprès de ces derniers. L’architecte et le maître d’œuvre se chargent également du phasage des travaux. En d’autres termes, ils veillent à leur bon déroulé et coordonnent l’intervention de l’ensemble des artisans. Contrairement au maître d’œuvre qui n’a pas besoin de diplôme spécifique pour exercer, le métier d’architecte est rattaché à un diplôme d’État. Grâce à ses études, il peut donc faire preuve de plus de créativité et apporter une réelle valeur ajoutée sur les projets.
Option 2 : Contactez directement les artisans
Si vous le souhaitez, vous pouvez sélectionner les artisans qui seront en charge des travaux. Vous endosserez alors vous-mêmes le rôle de maître d’œuvre. Veillez à vous tourner vers des professionnels RGE (Reconnus Garants de l’Environnement). Cette mention est obligatoire pour obtenir certaines aides et subventions de l’État. Demandez également plusieurs devis afin de les comparer. Attention toutefois, cette solution n’est pas recommandée si vous n’avez pas de compétences dans le bâtiment. En effet, vous ne serez pas réellement en mesure de détecter d’éventuels problèmes, que ce soit dans la mise en œuvre des travaux eux-mêmes ou dans leur coordination.
Vous avez maintenant un projet de rénovation détaillé et chiffré. Vous savez également à quel professionnel vous adresser. Cela vous conduit à la prochaine étape : la préparation du financement.
Comment financer ses travaux de rénovation ?
Plusieurs solutions s’offrent à vous pour financer vos travaux de rénovation énergétique : les aides financières, qui permettront de réduire le coût des travaux, et les prêts, qui vous permettront de financer le reste à charge.
Vérifiez votre éligibilité aux différentes aides financières
Les aides financières sont nombreuses et permettent de réduire de façon significative le coût de vos travaux. Elles peuvent provenir de l’Etat, des collectivités, et de divers organismes. Il est important de se renseigner sur ces dernières et sur leurs conditions d’éligibilité avant d’entamer la phase de travaux. En effet, certaines nécessitent de lancer les dossiers très tôt. Nous les avons listées ci-dessous :
Les aides de l’État
- « MaPrimeRénov » : Ce dispositif s’adresse aux propriétaires, aux copropriétaires, aux propriétaires bailleurs et et aux usufruitiers. Il se décline en plusieurs aides (MaPrimeRénov’ rénovation globale, MaPrimeRénov’ Sérénité, MaPrimeRénov’ Copropriétés etc.). Le montant dépend à la fois de vos revenus et des performances énergétiques atteintes après rénovation.
Les aides locales
- L’exonération de la taxe foncière : qu’ils soient occupants ou bailleurs, les propriétaires réalisant des travaux d’économie d’énergie dans leur logement peuvent parfois bénéficier d’une exonération de taxe foncière. Ce dispositif est uniquement proposé dans les communes dans lesquelles l’exonération a été votée, et concerne les logements achevés avant 1989.
- Les aides des collectivités locales : selon votre localisation, de nombreuses aides locales existent.
Les autres dispositifs d’aides à la rénovation
- Le dispositif des CEE (Certificats d’Economie d’Energie), et notamment le coup de pouce rénovation performante d’une maison individuelle : plusieurs entreprises, telles qu’EDF, proposent des primes et prêts bonifiés pour la réalisation de travaux d’économie d’énergie. Ces primes sont proposées aux propriétaires occupants, aux propriétaires bailleurs et aux locataires, pour les travaux concernant leur résidence principale ou secondaire. Les bâtiments rénovés doivent être construits depuis plus de 2 ans.
- L’aide de votre caisse de retraite : si vous êtes retraité du régime général, votre caisse de retraite peut vous verser une aide si vous réalisez certains travaux d’isolation thermique ou d’aménagement.
Le reste à charge peut être financé par votre épargne et/ou par un prêt bancaire
Lorsque vous connaîtrez les aides auxquelles vous pouvez prétendre, il vous suffira de les déduire du coût global de votre projet pour connaître le montant qu’il vous reste à financer. Cette somme est appelée le reste à charge. Le reste à charge peut être financé de plusieurs façons :
- Par votre épargne, si celle-ci vous le permet ;
- Par un prêt spécifique. Adressez vous à votre banque pour connaître les dispositifs existants. Les principaux sont l’éco-prêt à taux zéro et le crédit travaux.
Faut-il privilégier une rénovation globale ou par étapes ?
Rénovez en une seule fois pour obtenir le meilleur rapport qualité-prix
Pour améliorer efficacement les performances énergétiques de votre logement, l’idéal, si votre budget vous le permet, est de réaliser tous les travaux de rénovation énergétique en une seule fois.
D’un point de vue technique, cette solution est tout d’abord la plus cohérente. En effet, de nombreuses interventions sont beaucoup plus performantes lorsqu’elles sont menées conjointement :
- Le changement simultané de l’isolation et du système de chauffage permet d’adapter la puissance des équipements choisis aux besoins réels du bâti ;
- L’installation de nouvelles fenêtres parallèlement à la pose de l’isolation permet d’éviter les ponts thermiques ;
- Le remplacement des menuiseries couplé à l’installation d’un système de ventilation adapté permet d’éviter tout problème d’humidité,
- etc.
Ainsi, en réalisant l’ensemble de vos travaux au même moment, vous pourrez immédiatement observer le résultat : une baisse de vos factures et une amélioration significative de votre confort.
Effectuer ses travaux en une seule opération est également moins coûteux que de segmenter par étapes. Par conséquent, vous pourrez à la fois mutualiser les coûts externes (comme la préparation du chantier), et maximiser les aides financières que vous pouvez obtenir.
Rénovez par étapes en cas de contraintes budgétaires
Si votre budget ne vous permet pas de réaliser l’ensemble de votre projet de travaux en une seule fois, une solution alternative existe : la rénovation par étapes. Il est à noter que cette solution est plus complexe à mettre en place que la rénovation complète en une seule fois.
Limiter au maximum le nombre d’étapes
Le nombre d’étapes à une réelle influence sur les performances de votre rénovation : plus elles seront nombreuses, plus la coordination des différents travaux sera difficile, et plus l’efficacité énergétique diminuera. Par exemple, on estime qu’il n’est plus possible d’atteindre les exigences du label Bâtiment Basse Consommation à compter de 3 ou 4 étapes. Ainsi, limiter le nombre d’étapes est essentiel pour réussir sa rénovation énergétique. Toutefois, cela ne suffit pas. Un autre point importe : le regroupement des postes de travaux.
Regrouper les postes de travaux judicieusement
Nous vous conseillons de regrouper les différents travaux judicieusement en fonction de leur complémentarité. Il faut également les réaliser dans le bon ordre. Pour éviter toute mauvaise surprise, la première phase de travaux consiste généralement à réduire les besoins énergétiques. Cela passe par une amélioration de l’isolation thermique et de la ventilation. Ensuite, vous n’aurez plus besoin d’équipements aussi puissants. La seconde étape consiste donc à réduire la consommation énergétique grâce à des systèmes de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire adaptés et moins gourmands. Pour optimiser l’efficacité des travaux réalisés, l’idéal est de regrouper 4 ou 5 postes dès la première étape. Ils doivent être choisis non seulement en fonction de leur dépendance les uns aux autres, mais aussi en fonction des déperditions observées lors de l’audit thermique. Bien sûr, le budget est également un élément à prendre en compte.
Évitez la rénovation partielle
La rénovation énergétique partielle consiste à multiplier et étaler dans le temps les petits gestes de rénovation, sans stratégie globale. Il peut par exemple s’agir du changement des fenêtres en 2017, de l’isolation des combles en 2019, et du remplacement du système de chauffage en 2020. Cette pratique est la plus observée en France selon l’ADEME. Même si elle permet de répartir ses dépenses dans le temps, elle comporte en réalité de nombreux risques : la création de désordres dans le bâti, la dégradation de la santé des occupants ; un coût total plus élevé ; et enfin une efficacité moindre.
Prenons un exemple pour mieux comprendre ce dernier point. Un couple souhaite refaire l’isolation de sa maison. Il opte pour une couche de 15 cm d’isolant sous sa toiture. Une fois les travaux terminés, nos deux propriétaires se retrouvent dans une impasse. En effet, l’isolation n’est pas suffisamment épaisse pour être réellement performante : elle n’est pas « BBC compatible ». Cependant, elle ne pourra pas non plus être changée à l’avenir, car l’opération serait trop coûteuse au regard des économies d’énergie encore possibles. La rénovation énergétique partielle a donc tué un gisement d’économie d’énergie.
La meilleure solution aurait été d’installer 30 cm d’isolant dès le départ.
Après les travaux, encore un effort au quotidien
Votre rénovation est terminée, et vous vivez maintenant dans un logement basse consommation ? Excellente nouvelle ! Le plus gros est fait. Vous n’avez plus qu’à transformer l’essai en adoptant les bons gestes au quotidien.
- Pensez à utiliser et entretenir les nouvelles installations de votre logement pour leur assurer la meilleure durabilité.
- Si vous devez acheter ou remplacer des équipements électriques (électroménager, équipements informatiques, etc.), tournez-vous si possible vers des solutions performantes sur le plan énergétique.
- Et enfin, maîtrisez votre consommation énergétique. Cela commence toujours par une meilleure connaissance de cette dernière.
Vous avez maintenant toutes les clés en main pour réussir votre rénovation énergétique de A à Z ! 🙂